Elle était jeune, dynamique et éclatante de vie. Sophia Baraket, journaliste- photographe. Trop jeune pour mourir, Sophia avait toute la vie devant elle pour nous faire bénéficier de son Art.. Mais voilà, un infarctus, toujours le cœur ! l’a surprise, la nuit du jeudi 19 juillet 2018, ne lui laissant aucune chance de lutter.
Hommage: Retour sur son parcours
Née en 1983 à Tunis. Sophia Baraket a grandi dans un milieu imprégné par la culture: Sa mère est éditrice de livre d’art son père un passionné d’art et son grand père est traducteur. Très jeune, elle se familiarise avec ce qui deviendra sa muse: l’appareil photo.
À 15 ans déjà, elle commence à prendre des photos, seule, en errant dans la médina de Tunis à saisir ses chantiers.
“J’ai toujours voulu faire de la photo et du reportage. C’est un caractère. Enfant, ado, j’avais cette habitude d’observer tout ce qui m’entourait, les gens qui passaient devant moi, n’importe quel petit détail à absorber. La photo était pour moi la parfaite combinaison entre ce que je voulais, j’espérais être, et la liberté de pouvoir bouger, voyager, rencontrer des gens, toutes catégories sociales confondues. Avoir à faire à tous les métiers, entrer dans le monde médical, industriel, de l’aviation… Un panel de diversité. Et une vision beaucoup plus large”, elle déclara à RFI
Après avoir suivie des cours à l’Ecole d’Art et de Design de Tunis, elle part étudier à l’école internationale de photographie (SPEOS) à Paris. Elle y passe un stage de six mois chez Magnum où elle rencontre des grands noms de la photographie. Elle apprend auprès d’eux. La jeune femme prend son envol. À 22 ans, elle réalise des séries de reportages pour des médias internationaux.
En 2005 elle revient en Tunisie, avec le début de l’ébullition du pays où elle organise des conférences photo-documentaires. En parallèle de la photographe elle réalise une quinzaine d’expositions à travers le monde. En 2011, elle couvre l’actualité dans plusieurs médias lors de la Révolution du jasmin. Ces photos font le tour du monde. La même année elle adhère au projet de l’artiste JR, qui consiste à réunir un collectif de six photographes. Ce collectif oeuvre afin de créer une collection de portraits et les accrocher à Sidi Bouzid, Sfax, La Goulette, endroits où le portrait de Ben Ali a été déchiré, brûlé et arraché lors de la Révolution.
Sophia ne se plait pas dans le confort du politiquement correct. Elle fait immersion dans les Hammams, dévoile un monde accessible qu’aux hommes. Elle réalise une série de photos sur les bars de Tunis, puis la Beach Pride en Ouganda. Sa vision n’est pas de surfer sur le sensationnel mais de briser des tabous autour de ses sujets, de zoomer sur les injustices pour mieux les dénoncer.
Cette photo ci-dessus est l’une des dernières photos de Sophia Baraket fut prise à Essaida, à Tunis, le 4 juillet 2018. C’est une insouciante scène de jeu d’extérieur, où un gamin souffle sa bulle de savon à travers un kit qu’il s’est bricolé l’air de rien avec une bouteille en plastique coupée en deux en guise d’anneau.
Sophia Baraket représente une jeunesse tunisienne porteuse d’espoir et de talent.
Je fais aussi partie de la première génération qui est passée de l’écrit à l’image, insiste-t-elle. Il y a un gap entre les années 1980 et 1990”
Elle est morte à la fleur de l’âge, laissant toutefois un héritage honorable. Ses oeuvres ne mourront jamais. Le seul réconfort après la mort d’une artiste.